Place de l’Hôtel de Ville, ancienne place de Grève
Jean-Baptiste Nicolas Raguenet (1715-1793)
Vue de l’Hôtel de Ville et de la place de Grève, 1751, huile sur toile, 47 x 85,5 cm, Paris, musée Carnavalet
En dépit de son aspect « Renaissance », l’Hôtel de ville actuel n’est pas ancien, mais la réplique de l’édifice voulu par François Ier au XVIe siècle, que les architectes Étienne-Hippolyte Godde (1781-1869) et Jean-Baptiste Lesueur (1794-1883) ont, sous la Monarchie de Juillet, agrandi et isolé à la manière d’un palais.
Ce vieil Hôtel de Ville, détruit sous la Commune de Paris, avait servi d’écrin à de nombreuses œuvres d’art commandées aux peintres les plus en vue (Pourbus, Mignard, De Troy, Largillierre…). Il disposait d’une Grand’ Salle, pour laquelle Pierre Biard et Thomas Boudin avaient sculpté de splendides cheminées, et d’une cour d’honneur ou Cour Louis-XIV, dans laquelle on avait disposé le Louis XIV en bronze de Coysevox, aujourd’hui dans la cour du musée Carnavalet. Jusqu’à sa destruction en 1871, on ne cessa de l’embellir de décors remis au soin des meilleurs artistes : Jean-Auguste Dominique Ingres, Horace Vernet, Alexandre Cabanel, Léon Cogniet ou Eugène Delacroix, parmi les plus connus…
La façade principale de l’Hôtel de Ville de Paris, vue du sommet de la Tour Saint-Jacques
Dès l’élection du nouveau Conseil municipal, en 1871, on décida la reconstruction « à l’identique » de l’Hôtel de ville de Paris. Cette redoutable entreprise fut confiée, au terme d’un concours ouvert en 1872, à deux architectes : Théodore Ballu (1817-1885) et Pierre-Joseph-Edouard Deperthes (1833-1898). L’inauguration du nouveau bâtiment eut lieu dix ans plus tard, le 14 juillet 1882.
Ballu et Deperthes distribuèrent les salons d’apparat en tenant compte de l’organisation des grandes salles de réception de l’ancien édifice. Ils furent par conséquent aménagés à l’étage noble, dans l’aile longeant la Seine, vers le sud, et dans le corps de bâtiment situé en bordure de la rue de Lobau.
De la porte aux lions du 3, rue de Lobau, on accède ainsi rapidement aux espaces de représentation, après avoir emprunté un passage couvert, puis quelques marches, jusqu’au vestibule des Fêtes.
L’un des deux Grands Escaliers des Fêtes : l’Escalier sud
Le vestibule des Fêtes forme le palier inférieur de l’Escalier d’honneur, par lequel on accède aux salons d’introduction. Cet escalier monumental, parallèle aux façades principales de l’Hôtel de Ville, est à double volée. Celles-ci s’élèvent, l’une au nord et l’autre au sud, sur un axe rectiligne d’une cinquantaine de marches en marbre blanc veiné, rompu par un palier intermédiaire à mi-hauteur.
De hautes parois en jaspe jaune, composées de panneaux à bossages et décorées d’une frise de rosaces, bordent les marches de chaque volée. Ces murs latéraux sont percés, à gauche et à droite, d’une porte donnant sur un palier intermédiaire, et couronnés d’une balustrade avec piédestaux et colonnes de porphyre rouge. Ces colonnes imposantes soutiennent une voûte en berceau et à pénétration, divisés en compartiments moulurés.
L’Escalier d’honneur de l’Hôtel de ville de Paris s’inspire de celui, majestueux, que l’architecte Jean-François Chalgrin (1739-1811) avait construit au palais du Luxembourg au début du XIXe siècle. L’escalier de Chalgrin ne possède toutefois qu’une seule volée, contrairement à l’escalier de l’Hôtel de Ville de Paris.
Louis-Ernest Barrias (1841-1905)
L’Accompagnement, vers 1882, marbre blanc, Paris, Hôtel de Ville, Escalier des Fêtes, côté sud
Quatre figures allégoriques décorent des niches, au départ de chaque volée. Le sculpteur Louis-Ernest Barrias est l’auteur des deux figures du côté sud : Le Chant et L’Accompagnement.
Luc-Olivier Merson (1846-1920)
Génies et figures allégoriques, vers 1900, Escalier des fêtes, côté sud, de l’Hôtel de Ville de Paris, Arc-doubleau du palier supérieur
Après quelques hésitations, la décoration d’ensemble de l’Escalier des Fêtes et des galeries du pourtour fut confiée, en 1889, à Luc-Olivier Merson. A l’intérieur de l’escalier, cette décoration, moins abondante que prévue, se concentre sur les panneaux et les arcs-doubleaux du palier supérieur.
François Schommer (1850-1935)
A gauche : Les Chansons des rives de la Seine et Les Différentes chansons, vers 1889, palier supérieur de l’Escalier des Fêtes, côté sud, de l’Hôtel de Ville de Paris, coupole et pendentifs.
A droite : La Chanson amoureuse, vers 1888-1899, huile sur toile, 29 x 25,8 cm, esquisse pour l’une des figures allégoriques ornant les pendentifs de la coupole de l4escalier des Fêtes, côté sud, Paris, Petit Palais.
Sous la conduite de Merson, François Schommer composa, côté sud, le décor de la coupole du palier de l’Escalier des Fêtes. Schommer y évoqua Les Chansons des rives de la Seine, à travers deux groupes de figures parcourus d’une ronde d’amours. Pour compléter sa représentation, il décora les pendentifs de la coupole de quatre figures allégoriques sur fond d’or, qui se rapportent aux Différentes chansons : patriotique ou guerrière, satirique, bachique et amoureuse.
Les galeries du pourtour mènent au Salon des Cariatides, situé au-dessus du vestibule des fêtes. Ce petit salon de passage vers la Grande Salle des Fêtes est éclairé par des vitres donnant sur les volées du Grand Escalier. Salon « à l’italienne », il comprend un attique formant une galerie de circulation à l’étage, scandée de dix-huit cariatides.
Les portes de la paroi occidentale du Salon des Cariatides s’ouvrent sur une petite pièce, qui donne sur l’ancienne cour centrale, désormais couverte et transformée en salon. La décoration de cette petite pièce ceinturée de lambris revient au célèbre peintre et affichiste Jules Chéret (1836-1932), qui a orné les trumeaux et les dessus-de-porte.
Dans des couleurs vives et lumineuses, Chéret évoque la fête à travers plusieurs farandoles de personnages. C’est l’art du théâtre qui forme le thème général du Salon Chéret : le théâtre de Molière, illustré par un comédien jouant Le Bourgeois gentilhomme, et sur le mur opposé, la comedia dell’arte, avec Arlequin et Pierrot.
Le premier salon d’introduction, côté sud
Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898) a décoré, sur le thème des Saisons, le premier salon d’introduction, qui s’ouvre au sommet de l’Escalier d’honneur, côté sud. Deux compositions monumentales, peintes sur toile entre 1889 et 1892, s’y font face : L’Eté, au-dessus de la porte, et L’Hiver, sur le mur opposé. Puvis de Chavannnes a également peint quatre figures en camaïeu sur les écoinçons des arcs délimitant ce premier salon : ci-dessus, un faucheur buvant à la cascade d’un rocher.
Le plafond à poutres et solives est décoré d’arabesques redessinées d’or, avec quelques parties en ton d’ivoire.
Ce « salon d’arrivée », conçu comme un lieu de passage, et dont la décoration tranche avec les peintures décoratives du Grand Escalier, communique, vers l’ouest, avec une galerie de passage. Celle-ci mène aux premières pièces de réception (les Salons à Arcades), qui offrent une vue sur la Seine et l’Île de la Cité.
Les Salons à Arcades, vue tournée vers la cour intérieure
Dans une situation analogue aux salons à arcades du vieil Hôtel de Ville, ces premiers salons d’apparat sont séparés par de grandes arcades latérales. Un thème singularise chaque section : les sciences, les arts et les lettres. La décoration des trois salons est foisonnante : les moulures sont feintes ou soulignées d’or, les peintures sont entourées de bordures dorées, s’adaptent à la forme triangulaire des écoinçons ou occupent des cartouches simplement dessinés ; les plafonds sont à caissons, avec une grande peinture centrale.
Les Salons à Arcades sont bordés, d’un côté, par une étroite galerie qui prend le jour de la cour intérieure. C’est par cette galerie, consacrée aux métiers, qu’on pénètre dans les pièces principales.
La Galerie des Métiers : le peintre et le graveur
Cette galerie annonce les thèmes développés dans le décor des salons : la Gloire de Paris par l’industrie, le commerce, les arts, les sciences et les lettres. Dans de grands cartouches, les arts y sont évoqués par des saynètes historicistes, à l’exemple de celles qui illustrent l’atelier du peintre et celui du graveur.
Les Salons à Arcades, vue tournée vers la Seine et l’Île de la Cité
Trois artistes ont dirigé la décoration des Salons aux Arcades : Jules Lefebvre (1834-1912), Léon Bonnat (1833-1922) et Albert Besnard (1849-1934). Sous leur direction, les panneaux des piliers séparatifs et ceux de fond ont été ornés d’une figure symbolique ; les panneaux des arcades latérales ont été décorés de vues de Paris et à de paysages parisiens. Pour mener à bien cette décoration, ils désignèrent de nombreux collaborateurs, tenus d’entretenir une parfaite harmonie d’ensemble.
Les cheminées monumentales du Salon des Sciences, à gauche, et du Salon des Lettres, à droite
L’enfilade des trois salons consacrés aux Lettres, aux Arts et aux Sciences comprend, à ses extrémités, deux cheminées monumentales qui pastichent les cheminées que Pierre Biard l’Aîné (1559-1609) et Thomas Boudin (1570-1637) avaient conçus pour la Grand’ Salle du vieil Hôtel de Ville.
Gabriel-Jules Thomas et Pierre-Jules Cavelier ont en effet repris l’attitude « michel-angélesque » des divinités, à demi-allongées sur des enroulements, qui ornaient la cheminée de Biard l’Aîné. Ils ont en outre placé, comme l’avait fait Boudin au début du XVIIe siècle, des figures en gaînes ou « termes » pour figurer les jambages de leur cheminée.
Un grand médaillon ovale de céramique, l’un à la gloire des sciences et l’autre à la gloire des lettres, ornent le manteau de chaque cheminée.
Léon Bonnat
Le Triomphe de l’Art, 1894, plafond du Salon des Arts, l’un des Salons à Arcades de l’Hôtel de Ville de Paris
Dans le salon situé le plus à l’ouest, consacré aux lettres, Jules Lefebvre a peint, pour le plafond, Les Muses parisiennes. Cette grande composition représente « sur des vapeurs légères, la guirlande des Muses parisiennes, la Tragédie, la Comédie, la Musique … chacune avec ses attributs » (M. Vachon, Le Nouvel Hôtel de Ville de Paris 1872-1900, Paris, 1900, p. 189). Lefebvre a imaginé les figures secondaires du plafond.
Dans les trois salons, le décor des frises, des dessus-de-porte, des écoinçons et des piliers a été réparti entre plusieurs peintres.
Dans le salon du milieu, celui des Arts, les peintures du plafond ont été confiées à Léon Bonnat, qui a composé Le Triomphe de l’Art. De format circulaire, contrairement aux deux autres plafonds, cette grande composition représente « l’Art sous la forme d’un jeune homme sur la croupe du « Grand cheval de Gloire » de Victor Hugo », précédé d’une figure de la Renommée, d’un génie qui « le couronne », alors que Pégase « foule aux pieds (…) l’ignorance et la barbarie » (Ibid., 1900, p. 186).
Léon Glaize (1842-1931)
Le Poète, frise du Salon des Arts, l’un des Salons à Arcades de l’Hôtel de Ville de Paris
Comme Lefebvre, Bonnat a peint les deux figures secondaires : L’Idéal et La Vérité. C’est Léon Glaize qui se chargea de la frise du Salon des Arts : il rechercha « un sujet inspiré par l’origine de l’idée d’art » et représenta un « paysan » et un « poète » qui « se tendent la main ; l’un form[ant] groupe avec la Vérité et les Travaux de la nature ; l’autre avec Psyché (l’Âme) et les sensations poétiques que provoque l’heure mystérieuse du clair de lune. » Sur le panneau opposé, Glaize a campé « la Musique et la Danse » dans une atmosphère de fête.
Albert Besnard
La Vérité, entraînant les Sciences à sa suite, répand sa lumière sur les hommes, vers 1894, plafond du Salon des Sciences, l’un des Salons à Arcades de l’hôtel de Ville de Paris
Dans le Salon des Sciences, Albert Besnard a peint, pour le plafond, La Vérité, entraînant les Sciences à sa suite, répand sa lumière sur les hommes. Cette composition étonnante représente « des figures drapées, mêlées à des astres, une figure nue, colorée en or » qui se détachent « dans un firmament d’azur un peu vert », en avant d’ « une lune immense » et de la Terre, d’une circonférence bien plus grande, « où grouillent sous une lumière rouge des êtres qui sont des hommes » (Ibid., 1900, p. 178). La Vérité, dénudée, avec une brassée de lumière, semble parcourir l’espace à la façon d’un astre. Besnard a également peint les deux figures secondaires : La Météorologie et L’Électricité.
Le Salon Lobau
Le Salon des Sciences communique avec le Salon Lobau, situé à l’angle sud-est de l’Hôtel de ville. La décoration de ce salon fut confiée au peintre d’histoire Jean-Paul Laurens (1838-1921). L’artiste composa plusieurs grandes scènes historiques destinés à illustrer « la conquête et la défense des libertés municipales, la glorification du peuple dans ses luttes incessantes et héroïques contre le despotisme de la royauté. » (Ibid., 1900, p. 162). Laurens choisit lui-même les sujets, puisés dans L’Histoire de France de Jules Michelet, et obtint la liberté de les traiter à sa manière.
Pour le premier tableau, le peintre composa Louis VI donne aux Parisiens leur première charte et, pour le second, Étienne Marcel protégeant le Dauphin. Dans cette seconde composition, Laurens a représenté les massacres de la journée d’émeutes du 22 février 1358 : lors de cette journée, une foule de Parisiens, hostile à la levée de nouveaux impôts, pénétra, sous la conduite d’Étienne Marcel, dans l’appartement du Dauphin Charles, futur Charles V, pour le contraindre à accepter la grande ordonnance, qui instituait une monarchie contrôlée par les États généraux.
Jean-Paul Laurens a également illustré La Grande Révolte des Maillotins, au cours de laquelle Parisiens massacrèrent les collecteurs de nouveaux impôts décidés par Charles VI, en 1382; puis Anne Dubourg prenant, face à Henri II, la défense des Protestants au péril de sa vie. Les autres tableaux représentent L’arrestation du conseiller Broussel pendant la Fronde et La Réception du roi Louis XVI à l’Hôtel de Ville, le 17 juillet 1789.
La Grande Salle à manger, aujourd’hui Salon Georges-Bertrand
Le Salon Lobau s’ouvre sur le salon Georges-Bertrand, éclairé par quatre fenêtres sur la rue de Lobau. Cette vaste salle, ancienne Grande Salle à manger, est dotée de murs lambrissés en bois de chêne. Elle est percée de grandes baies en plein cintre, flanquées de pilastres et de colonnes à chapiteau composite. Son plafond est divisé en trois compartiments, dont les peintures célèbrent la Terre, mère nourricière de l’humanité.
Georges-Jules Bertrand (1849-1929)
Hymne de la Terre au Soleil, 1894, Grande Salle à manger de l’Hôtel de Ville de Paris
Dans le compartiment central, Georges Bertrand a peint un laboureur, debout devant ses bœufs, l’aiguillon en main, tête nue, saluant le soleil qui monte à l’horizon. Dans les petits compartiments, l’artiste symbolise « les deux éléments principaux et essentiels de la nourriture : Le Pain et Le Vin. » (Ibid., 1900, p. 156). Le même Bertrand a peint les Allégories des Aliments supplémentaires dans les lunettes en dessus-de-porte.
L’entablement couronnant l’élévation de la Grande Salle à manger
Les colonnes et les pilastres de la Grande Salle à manger soutiennent un entablement très orné : sa frise alterne les panneaux de rinceaux et les guirlandes végétales en relief ; elle est entrecoupée, au droit des colonnes et des pilastres, de consoles, dont la partie enroulée présente un mascaron.
Le pourtour du plafond se découpe en caissons ornementaux, dans lesquels chiens de chasse, renards ou lièvres, encadrent la tête d’un animal (sanglier, chevreuil, mouton, bœuf…) ou l’envol du gibier de plume. Ce bestiaire évolue au milieu de rinceaux ; des armes de chasse, des cors ou des trompettes entrelacés présentent les trophées animaliers.
La paroi occidentale
Des niches, placées à hauteur de regard dans l’entrecolonnement des longs côtés, abritent six figures allégoriques personnifiant La Chasse, Le Chant, La Moisson, La Vendange, La Pêche et Le Toast.
Les trois statues de la paroi occidentale
Alexandre Falguière (1831-1900) représenta l’Allégorie de la Pêche sous la forme d’une jeune femme qui s’avance en portant le produit de sa pêche à sa ceinture et sur l’épaule. Jean-Antoine-Marie Idrac (1849-1884) conçut le modèle de la figure portant un toast, que Jules Félix Coutant (1848-1939) acheva après la mort de son confrère. Louis-Ernest Barrias (1841-1905) imagina une jeune femme serrant le gibier de sa chasse, tout en présentant deux oiseaux morts.
Henri Lévy (1840-1904)
Les Heures du Jour et de la Nuit, culs-de-four du portique précédant, au sud, la Grande Salle des Fêtes de l’Hôtel de Ville de Paris
La Grande Salle à manger débouche sur un Salon d’Entrée, qui précède la Grande Salle des Fêtes et jouxte le Salon d’Introduction décoré par Puvis de Chavannes.
Ce Salon d’Entrée, décoré par Henri Martin (1860-1943), est séparé de la Grande Salle des Fêtes par un portique à trois baies, trois voûtes en coupoles et deux culs-de-four. Sur le thème allégorique des Heures du Jour et de la Nuit, Henri Lévy a représenté, dans les culs-de-four de ce portique, Le Sommeil et la rêverie de petits génies, d’un côté, Un coucher et un lever des astres du Jour et de la Nuit, de l’autre côté.
La Grande Salle des Fêtes
La Grande Salle des Fêtes est le clou du décor des Salons d’apparat de l’Hôtel de Ville de Paris : c’est une grande galerie coiffée d’une voûte en anse de panier et divisée en cinq travées.
Véritable pastiche du grand décor tel qu’on le pratiqua sous le règne personnel de Louis XIV, la voûte de la Grande Salle des Fêtes rappelle, à bien des égards, la galerie d’Apollon du Louvre : compartiments à larges moulures dorées, grandes compositions décoratives, figures en stuc…
Les tribunes de la Grande Salle des Fêtes
L’élévation de la Grande Salle des Fêtes comprend de hautes arcades au rez-de-chaussée et des tribunes à balustrade, voûtées en plein cintre, à l’étage. Des pilastres à chapiteau corinthien se dressent entre les hautes arcades ; les tribunes sont surmontées de lunettes à décor sur fond d’or. Des pendentifs s’insèrent entre ces lunettes : les uns sont peints d’une figure en ton naturel et les autres sont dissimulés par une figure en ronde-bosse, qui s’appuie sur les piles de la balustrade.
Une vaste composition allégorique de Benjamin Constant (1845-1902) occupe le compartiment central de la voûte : elle représente La Ville de Paris conviant le Monde à ses fêtes. Les grands compartiments latéraux renferment deux scènes en costumes historiques de différentes époques : au sud, La Danse à travers les âges, par Aimé Morot (1850-1913), et au nord, La Musique à travers les âges, par Henri Gervex (1852-1929). Les compartiments intermédiaires reçoivent des compositions purement décoratives, Les Fleurs et Les Parfums, imaginées par Gabriel Ferrier (1847-1914).
Dans les espaces séparant ces compartiments, des enfants sculptés en relief soutiennent de grands cartouches peints en grisaille à la manière d’un camée. Chaque cartouche porte en lettres d’or la devise républicaine : « Liberté, Égalité, Fraternité ».
Sous chaque grand compartiment, des figures allégoriques sont adossées contre des panneaux peints en grisaille, où l’on voit de petits génies en lévitation. Ces éléments de décor sont remplacés, sous les compartiments intermédiaires, par un large fronton entrecoupé orné des attributs de l’industrie, du commerce et de la navigation.
L’extrémité nord de la Grande Salle des Fêtes
Deux femmes assises sculptées en relief sont disposées sur les voussures des deux extrémités de la voûte : elles encadrent un cartouche aux armes de la Ville de Paris.
Paul Milliet (1844-1918)
La Picardie, pendentif de la Grande Salle des Fêtes de l’Hôtel de Ville de Paris
Seize pendentifs contiennent des figures allégoriques représentant les régions et les colonies de la France, peintes sur un fond bleu clair, avec une bordure de petits entrelacs d’or, des enlacement de feuilles d’olivier en ton bleu clair et des inscriptions en lettres d’or.
Un atlante, pendentif de la Grande Salle des Fêtes de l’Hôtel de Ville de Paris
Les pendentifs correspondant aux compartiments intermédiaires et aux extrémités de la galerie sont occupés par une figure sculptée en ronde-bosse, représentant cariatides et atlantes semblant porter le poids de la voûte.
Une figure allégorique, angle de la Grande Salle des Fêtes de l’Hôtel de Ville de Paris
Quatre figures allégoriques en imitation de bronze, personnifiant Le Chant, La Musique, La Poésie et La Danse, occupent les angles de la voûte.
Georges Picard (1857-1943)
Le Jour ou Le Réveil, vers 1891-1898, extrémité nord de la galerie Lobau, Hôtel de Ville de Paris
La Grande Salle des Fêtes est bordée, du côté de la rue de Lobau, par une galerie de quinze travées en forme de coupoles avec pendentifs, terminée par deux berceaux de loggia. Cette galerie donne accès aux Salons d’Introduction.
Le peintre Georges Picard réalisa le décor des coupoles surplombant chaque travée. Dans les petites coupoles et les berceaux des loggia, il représenta, sous la figure d’une femme, l’allégorie de La Nuit et celle du Réveil. Pour cette seconde allégorie, il mit en scène une jeune femme jouant avec des enfants dans les branchages d’un pommier en fleur.
Henri Bonis (1868-1921)
La Nature inspiratrice et éducatrice, 1892, plafond du second Salon d’entrée, côté nord
Du côté nord, le décor du Salon d’Introduction a été confié à Alfred Roll (1846-1919) et le Salon d’Entrée, à Henri Bonis, qui réalisa la peinture du plafond et des frises.
La salle de lecture de la Bibliothèque Administrative, aujourd’hui Bibliothèque de l’Hôtel de Ville
Du Salon d’entrée, il est facile de rejoindre les combles et d’accéder à la Bibliothèque Administrative qui, avec la Bibliothèque Historique (BHVP), a succédé à l’ancienne bibliothèque municipale, disparue dans l’incendie de 1871. La Bibliothèque Administrative occupa provisoirement plusieurs pièces du Petit Luxembourg, avant d’être transférée dans le pavillon de Flore en 1879.
Dès 1887, ses collections furent transportées dans une grande salle aménagée au cinquième étage du nouvel Hôtel de Ville. Architecte du nouvel Hôtel de Ville, Édouard Deperthes fut chargé de concevoir la salle de lecture de la nouvelle bibliothèque. Pour la disposition des grilles et du mobilier, il semble s’être inspiré de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, bâtie par Henri Labrouste trois décennies plus tôt. Mais contrairement à Labrouste, Édouard Deperthes choisit de dissimuler la structure métallique derrière un décor de chêne clair.
Un vitrail signé « Labouret » dans la Galerie des Commissions
De longues galeries longent les cours intérieures, au nord et à l’ouest, jusqu’à la salle du Conseil municipal. Des verrières modernes décorent la Galerie des Commissions. Elles représentent les différentes activités de la ville moderne : le commerce du luxe, les travaux publics, le sport, la recherche ou l’instruction.
Les vitraux des prévôts des marchands
Les vitraux des galeries occidentales donnent le nom et représentent les emblèmes des personnes qui ont été à la tête de la Ville de Paris, depuis les prévôts des marchands jusqu’aux maires actuels, en passant par les préfets de la Seine. En dépit de leur aspect ancien, ils furent réalisés dans l’entre-deux-guerres par les plus grands verriers de Paris et de ses environs.
Le décor de la buvette de l’Hôtel de Ville de Paris
La galerie occidentale dessert la bibliothèque du Conseil et la buvette de l’Hôtel de ville, petite salle rectangulaire dont les grands côtés sont occupés par un zinc et par une grande peinture représentant une Fête champêtre. Cette composition tout en longueur, réalisée par Jean Veber (1868-1928), vers 1906, décrit plus exactement une scène de banquet en plein air, des danseurs, des joueurs de pétanque, près de la guinguette de Robinson.
La Salle du Conseil
La Salle du Conseil se situe à l’emplacement qu’occupait la Salle du Trône dans le vieil Hôtel de Ville. C’est une vaste salle rectangulaire, aménagée en hémicycle depuis 1935, avec des tribunes aux extrémités, réservées à la presse et au public. Recouverte de boiseries en chêne clair, la Salle du Conseil est coiffée d’un plafond plat à caissons. Chaque caisson représente les emblèmes des communes environnant Paris, qui fut, jusqu’en 1966, la préfecture du département de la Seine.
Les tapisseries d’Aubusson de la Salle du Conseil
Des tapisseries d’Aubusson, tissées sous le Second Empire, ornent les murs de cette salle : elles montrent des figures allégoriques symbolisant la Ville de Paris, sur fond de monuments parisiens.
La Salle de Lecture du Conseil
Faisant pendant à la Bibliothèque du Conseil, la Salle de lecture du Conseil est l’une des dernières salles à avoir été décorée : Edouard Detaille y compose, vers 1901, de grandes compositions historiques qui prennent place au-delà de hauts lambris : L’Enrôlement des volontaires en 1792 et L’Arrivée des troupes après la campagne de Pologne, en 1807.
L’Escalier d’honneur
La galerie occidentale se prolonge jusqu’à l’Escalier d’honneur, qui dessert, depuis 1976, le bureau du maire et permet de redescendre par les grands guichets sud de la place de l’Hôtel de Ville. Logé dans une cage quadrangulaire, l’Escalier d’honneur est bordé d’une belle rampe en fer forgé, à guirlandes de fleurs et de fruits , écussonnée des armes de la Ville de Paris. Il comprend trois volées droites, reliées par des paliers intermédiaires.
A l’étage, des colonnes d’ordre composite, engagées sur des pilastres du même ordre, soutiennent un entablement sur lequel retombe la voûte surbaissée et les arcs de la voûte en plein cintre des baies. L’espace situé entre les colonnes est occupé par des niches qui abritent plusieurs figures allégoriques. Puvis de Chavannes réalisa, entre 1888 et 1891, les peintures du plafond, des lunettes et des voussures de l’Escalier d’honneur.
Le rez-de-chaussée de l’Escalier d’honneur
Au pied de l’Escalier, six cariatides en forme de termes, sculptées par Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887), soutiennent les retombées du plafond plat à caissons qui surplombe la galerie du rez-de-chaussée. L’espace situé entre ces cariatides est occupé par de grandes baies et des niches voûtées en plein cintre. Dans la partie supérieure du mur, des reliefs illustrent La Peinture, La Sculpture et La Gravure.
Du côté de la place de l’Hôtel de Ville, l’axe central de la façade est occupé par la Salle des Prévôts, conçue comme une salle des pas-perdus, qui fait usage de vestibule d’entrée. Recouverte de marbre, elle est séparée par ds colonnes ; ses murs présentent le nom des prévôts des marchands qui ont dirigé la ville jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
La Salle des Prévôts mène au Salon des Tapisseries qui occupe l’espace de la cour centrale. On peut y admirer quatre tapisseries du XVIIe siècle, disparues à la Révolution et rachetées par le préfet de la Seine au début du XXe siècle. Elles avaient été commandées par les marguilliers de l’église voisine de l’Hôtel de Ville, consacrée aux saints Gervais et Protais.
Le Salon des Tapisseries communique avec un petit salon, décoré par Adolphe Willette (1857-1926), peintre, illustrateur et affichiste. Du côté de la rue de Lobau, l’entresol du rez-de-chaussée est occupé par une salle située exactement sous la Grande Salle des Fêtes. Cette salle « Saint-Jean » comprend une grande nef, bordée, à l’est, d’une petite nef latérale. Sa voûte en anse de panier est divisée en quinze travées ; chacune découpée en six compartiments carrés. Réaménagée en 2005, elle sert désormais d’espace d’exposition.