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La maison de Victor Hugo (1903)

Place des Vosges

plan delagrive 1728

Plan de Delagrive (1728) : l’Hôtel de Rohan-Guéménée

En 1605, Isaac Arnauld, conseiller du roi et intendant des finances, fait l’acquisition d’un lotissement à l’emplacement du parc des Tournelles pour y édifier son hôtel particulier. Situé à l’angle sud-est de la place royale, l’Hôtel Arnauld comprend un corps de logis, dont la façade « brique et pierre » reprend l’ordonnance des bâtiments voisins, et deux ailes en retour encadrant cours et jardins. Bordées de divers bâtiments de service, les cours communiquaient, au sud, avec une ancienne voie issue de l’Hôtel des Tournelles, nommée « cul-de-sac du Ha ! Ha ! », puis impasse Guéménée, et, à l’est, avec la rue des Tournelles.

En 1612, Isaac Arnauld vend son hôtel particulier au maréchal de Lavardin, qui le cède, en 1621, à Pierre Jacquet, seigneur de Tigery. En 1637, l’hôtel passe entre les mains de Louis de Rohan, pair et grand veneur de France. Les Rohan occupent les lieux jusqu’en 1782. Cette même année, Henri-Louis-Marie de Rohan (1745-1807), prince de Guéménée, et son épouse font faillite en raison, disait la rumeur, de leur train de vie fort élevé. Une procédure de banqueroute est alors engagée, à l’issue de laquelle l’Hôtel de Rohan-Guéménée est vendu à Louis-Denis Péan de Saint-Gilles.

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L’Hôtel de Fourcy (8, place des Vosges)

En 1873, ses descendants cèdent la partie centrale de l’ancien hôtel particulier à la Ville de Paris, qui installe une école dans l’une des ailes. Cette école, située au n° 6bis, occupe les premières travées de l’aile orientale de la place des Vosges. Les bâtiments abritent aujourd’hui un établissement d’enseignement professionnel, nommé « Théophile Gautier » en hommage au célèbre écrivain. Celui-ci avait en effet logé dans une mansarde de l’Hôtel de Fourcy mitoyen, entre 1828 et 1834, où il aurait commencé la rédaction de Mademoiselle de Maupin.

De 1832 à 1848, Victor Hugo loua, au n°6, le second étage du corps central de l’ancien hôtel de Rohan-Guéméné. Fondateur du futur musée, le romancier et dramaturge Paul Meurice (1818-1905), grand admirateur de Victor Hugo, franchit, pour la première fois, le seuil de l’appartement de la place Royale en 1836. Homme de confiance et relais de Hugo pendant son exil à Guernesey, sous le Second Empire, Paul Meurice devient un ami fidèle de l’écrivain et poète. En forme de reconnaissance, Hugo lui dédicace plusieurs ouvrages et lui offre des dessins, qu’il lui remet lors d’une visite ou lui envoie à l’occasion du nouvel an.

 

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L’ancien Hôtel de Rohan-Guéméné, au 6, place Royale (actuelle place des Vosges)

Ces marques d’amitié, complétées par des achats ou des dons, constituèrent le noyau du musée que Meurice proposa à la Ville de Paris, en 1902, dans l’hôtel particulier de la place des Vosges.  Paul Meurice finança les travaux d’aménagement nécessaires et sollicita des artistes vivants pour célébrer Hugo ou son œuvre. En 1927, les descendants de l’écrivain font, à l’occasion du centenaire du romantisme, le don de la propriété familiale de Guernesey (Hauteville House) à la Ville de Paris.

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Auguste de Châtillon (1808-1881)

Portrait de Victor Hugo et de son fils François-Victor, 1836, huile sur toile, 177 x 92 cm, Paris, maison Victor-Hugo

Derrière le grand porche d’entrée de l’Hôtel de Rohan-Guéménée, un bel escalier mène à une enfilade de pièces réservées aux expositions temporaires, puis à l’appartement de Victor Hugo, situé au deuxième étage. La visite de l’appartement débute par l’antichambre, qui évoque l’enfance et la jeunesse de Victor Hugo, jusqu’aux premiers succès. La visite se poursuit par une grande pièce aux murs tendus de damas rouge, où sont présentés plusieurs portraits de famille. Rendez-vous des Lettres, des arts et de la politique, ce « salon rouge » accueillit, autour de Hugo, les principaux représentants de la société romantique : Théophile Gautier, Lamartine, Dumas et le sculpteur David d’Angers.

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Le salon chinois

Les deux pièces suivantes évoquent l’exil à Guernesey. Après le coup d’État de Napoléon III, Victor Hugo, son épouse Adèle Foucher et ses enfants quittent la France pour la Belgique, s’établissent à Jersey puis, à Guernesey, à partir du mois de novembre 1855. En 1856, le poète acquiert, après de premiers succès éditoriaux, une maison (Hotteville House), qu’il aménage entièrement. L’actrice Juliette Drouet (1806-1883) accompagne son illustre amant dans l’île anglo-normande : elle s’installe d’abord dans le voisinage, puis acquiert, en 1864, une demeure (Hauteville Fairy), où elle fait transférer les meubles que Hugo avait créés et réunis pour elle. 

A Hauteville Fairy, Hugo fait en outre réaliser des panneaux peints et gravés d’inspiration chinoise, dont il dessine les motifs en s’inspirant probablement de panneaux authentiques. Des éléments de ce décor, vendus à Paul Meurice par Louis Koch, neveu et héritier de Juliette Drouet, ont été réinstallés dans le grand salon de l’appartement de la place royale. A Hauteville Fairy, cet appartement se déployait probablement dans trois pièces. Conçue comme une « œuvre totale » couvrant le sol, les murs et le plafond, le salon chinois de l’appartement de la place royale évoque les talents de décorateur de Hugo.

Le visiteur découvre, à la lumière d’un lustre chinois, une étonnante cheminée portant un miroir de Venise et des figures en porcelaine. De part et d’autre de cette cheminée, il peut admirer des caissons garnis d’assiettes qui ornent presque tout un pan de mur.

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Des panneaux peints à motifs de personnages, d’animaux et de fleurs, agrémentent le décor d’une richesse de formes et de couleurs surprenantes, inspirées par la Chine et le Japon. Pour parfaire leur exécution, Victor Hugo sollicite l’aide de Tom Gore, qu’il avait déjà employé sur le chantier de Hauteville House. Les monogrammes « VH » et « JD » font malicieusement allusion à la relation amoureuse entretenu par le poète avec Juliette Drouet.

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La salle à manger d’inspiration médiévale de Juliette Drouet

Victor Hugo se plaisait à créer un mobilier d’inspiration médiévale à partir de meubles et d’objets anciens, achetés dans la boutique des antiquaires et détournés de leur fonction initiale selon sa fantaisie. Hugo chassait les « vieux coffres », reformulait les meubles acquis à l’aide de dessins, dont la réalisation était confiée aux menuisiers de Guernesey. Cette salle rassemble les meubles créés pour Juliette Drouet, à Hauteville Fairy. Elle reflète le goût du grand homme pour les meubles gothiques et Renaissance.

Cette pièce communique avec un petit salon dépourvu de décor, consacré aux expositions temporaires d’œuvres et de documents dont la fragilité interdit la présentation permanente. Le cabinet de travail de l’écrivain, aux murs couverts d’une tenture verte, selon l’état d’origine, succède à ce petit salon. Les tableaux de cette pièce évoquent le retour en France de Victor Hugo et sa gloire, sous la IIIe République, notamment une copie du fameux portrait de Léon Bonnat, réalisée par son élève Daniel Saubès, ou le buste héroïque modelé par Rodin.

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La chambre de l’avenue d’Eylau

En 1878, Victor Hugo s’installe, avec Juliette Drouet, dans un petit hôtel particulier de l’avenue d’Eylau (actuelle avenue Victor-Hugo), appartenant à la princesse de Lusignan. Loué par son ami Paul Meurice, il y passe les dernières années de sa vie. La petite chambre tendue de soie « vieux rouge », aménagée au second étage mansardé de l’avenue d’Eylau, est reconstituée dans l’appartement de la place royale. Elle est meublée d’un lit à baldaquin, soutenu par quatre colonnes torses, de style « Louis XIII », qui fut le lit de mort de l’écrivain. 

Une réduction en plâtre de La République, offerte par le sculpteur Auguste Clésinger (1814-1883) à son ami Hugo, en 1879, fait également partie du décor de cette petite chambre.

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