Nicolas Jean-Baptiste Raguenet
La Joute des mariniers devant le pont Notre-Dame, 1756, huile sur toile, 60 x 97 cm, Paris, musée Carnavalet
Le pont Notre-Dame succède à plusieurs ouvrages, édifiés dès l’époque romaine. A cet emplacement, l’un des premiers ponts de Lutèce prolongeait le Cardo Maximus et franchissait la Seine sur son grand bras, dans le prolongement du « Petit-Pont ». Au Xe siècle, un second pont de planches, jeté sur les anciennes piles de bois auxquelles étaient fixés des moulins à grains, remplaça le « Grand-Pont » romain. C’était un pont dont les planches de bois pouvaient être retirées jusqu’au milieu du fleuve, afin de protéger l’accès à l’île de la Cité.
En 1421, il laissa la place à un nouvel ouvrage de bois reliant l’île de la Cité à la rue Saint-Martin, baptisé « pont Notre-Dame » en raison de sa proximité avec la cathédrale. Ce pont était bâti de maisons disposées de chaque côté, qui renfermaient des boutiques. Ce premier pont Notre-Dame s’effondra en 1499, lors d’une crue de la Seine. En 1507, il fut reconstruit en pierre de taille, reposant sur six grandes arches de dix-sept mètres d’ouverture.
La Pompe du pont Notre-Dame
in : Tableau de Paris, 1853-55, tome second, chapitre LXXVII (« Les Environs de Paris (suite) »),
p. 392
En 1670, Daniel Jolly, bientôt rejoint par Jacques de Manse, proposa d’établir une pompe pour capter les eaux de la Seine, sur le modèle de la pompe de la Samaritaine. Deux pompes furent ainsi édifiées sous les troisième et quatrième arches du pont Notre-Dame afin d’alimenter les fontaines de la capitale, où l’eau manquait cruellement. Actionnées par deux roues à aube, ces deux machines hydrauliques étaient placées sur un échafaudage et renfermées dans des pavillons. Réparées à plusieurs reprises jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, la première pompe cessa de fonctionner en 1786. Le second établissement poursuivit d’alimenter une vingtaine de fontaines jusqu’en 1858. Il fut finalement démoli en 1861.
Jean-Antoine Watteau
L’Enseigne de Gersaint, 1720, huile sur toile, 166 x 306 cm, Berlin, château de Charlottenburg
Le pont Notre-Dame, bâti de maisons et de boutiques, était très fréquenté. Au XVIIe siècle, ses boutiques étaient presque toutes occupées par des marchands d’art. C’est par exemple sur le pont Notre-Dame que s’installa, en 1718, le marchand de tableaux et de curiosités en tous genres, Edme-François Gersaint. Sa boutique fut immortalisée (et idéalisée) par Jean-Antoine Watteau, qui composa la fameuse Enseigne de Gersaint.
Hubert Robert
Démolition des maisons du pont Notre-Dame, 1786, huile sur toile, 73 x 140 cm, Louvre
A partir de 1750, les projets d’embellissement de la capitale préconisaient de dégager la vue sur la Seine et de raser les maisons encore présentes sur les ponts traversant le fleuve. En 1763, la décision de libérer le tablier du pont Notre-Dame fut prise, mais tarda à être suivie d’effets : les constructions ne furent démolies qu’en 1786. Le chantier retint l’attention du célèbre peintre de ruines Hubert Robert.
En 1853, alors que Paris est remodelé par le baron Haussmann, un nouveau pont en maçonnerie, reposant sur cinq arches, fut construit sur les fondations du précédent ouvrage. Des têtes de bélier ornaient les faces en biseau des piles et des mascarons marquaient le sommet des arches. Baptisé « pont du Diable » à la suite de plusieurs accidents fluviaux, le pont Notre-Dame gênait à la fois le passage des bateaux et l’écoulement du fleuve. En 1919, ses arches centrales furent remplacées par une grande arche métallique unique, imaginée par l’ingénieur Jean Résal, qui avait précédemment collaboré à la conception des ponts Mirabeau et Alexandre-III.
L’un des mascarons couronnant l’une des arches latérales du pont Notre-Dame : tête de Dionysos (1853)