Rue Saint-Antoine
La façade principale
En 1619, François de Sales et Jeanne-Françoise Frémyot de Rabutin, baronne de Chantal, aïeule de la future marquise de Sévigné, établirent l’Ordre de la Visitation à Paris, au faubourg Saint-Marcel, puis dans le Marais, en 1621. C’est l’architecte François Mansart qui conçut la chapelle dédiée à Notre-Dame-des-Anges, dont le parti peut être considéré comme la préfiguration de l’église du Val-de-Grâce. En 1632, à la suite de la pose de la première pierre, le maître-maçon Michel Villedo mena le chantier de construction.
De plan centré, la chapelle de la Visitation rappelle davantage la chapelle d’Anet, de Philibert de l’Orme, qu’une inspiration italianisante. Sur la façade principale, un corps de porche hors-oeuvre se greffe sur la rotonde centrale, auquel répond, sur le côté opposé, un chœur réduit au sanctuaire. Cette rotonde est surmontée d’un dôme, dont le tambour, haut et vigoureux, reçoit un décor de festons et d’aigles aux ailes déployées. Le dôme, renforcé par de puissants contreforts sur lesquels sont disposés des pots-à-feu très élancés, se termine par un lanternon et une mince flèche.
Le tympan, percé d’un grand oculus, surplombe un fronton pointu dont les rampants portent deux figures allégoriques, à demi-couchées, représentant La Religion et La Charité. Ces deux figures rappellent Michel-Ange, dont l’influence est sensible dans l’œuvre de jeunesse de Mansart. Retaillées par Ernest-Eugène Hiolle, en 1873, elles ont été remises en état, comme l’ensemble de l’édifice, en 2007.
De plan circulaire, la coupole de la chapelle de la Visitation repose sur des lunettes à pénétration. Supportant le lanternon extérieur, cette coupole est ornée de cartouches à enroulements et de tables moulurées. Des pilastres à chapiteau corinthien soutiennent une corniche à modillons et denticules. Deux chapelles bordent la rotonde, de part et d’autre du porche, en réponse aux deux sacristies, qui encadrent le sanctuaire. Deux autres salles au curieux plan en « rognon » occupent l’axe transversal.
Le sanctuaire de l’ancienne chapelle du couvent des Filles de la Visitation-Sainte-Marie
Dans le sanctuaire, un flux de lumière plus intense descend sur le maître-autel, contribuant à créer une ambiance irréelle propice à la célébration du mystère eucharistique.
Les sculptures illustrent cette symbolique pour laquelle l’architecture elle-même joue un rôle majeur. La mise en scène se conforme aux Saintes Écritures, où il est dit que des anges formaient le cortège de la Vierge, le jour de l’Assomption. L’œil central de la coupole, éclairé par un lanternon ajouré, reçoit ainsi une corolle foisonnante à enroulements décorée de coquilles, de draperies et de têtes de chérubin en fort relief. En plus des chérubins virevoltant, une Assomption de François Perrier, peinte dans le lanternon, complétait l’iconographie.
Dans la crypte de la chapelle, un berceau annulaire, retombant sur un gros pilier, semble supporter le sol de la rotonde.
Après la Révolution, l’ancienne chapelle, devenue paroisse, fut affectée au culte réformé par arrêté du Premier consul Bonaparte. En 1805, le percement de la rue Castex entraîna la destruction des bâtiments de l’ancien couvent. Endommagé pendant le siège de Paris, en 1871, l’édifice fut largement restauré quelques années plus tard et augmenté du logement du concierge, à gauche du porche d’entrée, et d’un corps de bâtiment, situé derrière l’édifice. L’ancienne chapelle de la Visitation-Sainte-Marie est désormais le « Temple du Marais ».