Square Saint-Jacques
Jean-François Garneray (1755-1837)
Eglise de Saint Jacques la Boucherie, 1784, dessin à la mine de plomb, 26 x 19 cm, BNF, Estampes, collection Destailleur
La tour Saint-Jacques est intimement liée à l’histoire de l’église Saint-Jacques-de-la-Boucherie dont elle constitua le clocher. Située dans le quartier de la Grande boucherie, cette église, construite à partir du XIe siècle, était consacrée à saint Jacques le Majeur. Elle renfermait plusieurs reliques du saint et fut un lieu de pèlerinage renommé, marquant le point de départ vers Saint-Jacques-de-Compostelle.
L’église bénéficia de la générosité de la confrérie des bouchers, dont les étals étaient installés près de la porte du Châtelet voisin. En 1406, le roi Charles VI autorisa la confrérie à se réunir dans leur chapelle, au sein de l’église, qui prit alors le nom de « Saint-Jacques-de-la-Boucherie ». Agrandie aux XIVe et XVIe siècles, l’église Saint-Jacques-de-la-Boucherie fut gratifiée d’un nouveau clocher dans le style gothique flamboyant -l’actuelle tour Saint-Jacques. Le sommet du clocher reçut cinq statues en guise de couronnement : un Saint Jacques et, aux quatre angles, les symboles des évangélistes (le lion, l’aigle, le bœuf et l’ange). Ces figures, sculptées au XVIe siècle, furent détruites à la Révolution.
L’église abrita plusieurs sépultures jusqu’en 1762 : celles de Nicolas Flamel, l’un de ses bienfaiteurs, et de Louis de Marillac, exécuté en place de Grève pour avoir conspiré contre le cardinal de Richelieu.
Classée propriété nationale en 1790, l’église fut vendue comme carrière de pierres et démolie en 1797, sous condition de conserver le clocher. En 1824, un industriel en prit possession pour y installer une fonderie de plomb de chasse « à l’anglaise ». Fondu au sommet de l’édifice, le plomb en fusion s’écoulait en gouttelettes vers un bassin d’eau situé au rez-de-chaussée. L’activité porta évidemment atteinte à l’intégrité de l’ancien clocher, dont les parois se couvrirent de fumée. Durant cette période, les voûtes, à l’exception de celle coiffant le rez-de-chaussée, et les planchers intermédiaires furent également supprimés.
En 1836, après deux incendies, la Ville de Paris acquit l’ancien clocher de l’église Saint-Jacques-de-la-Boucherie, qui demeura sans véritable destination. En 1852, les travaux d’embellissement de Paris favorisèrent toutefois sa sauvegarde et précipitèrent même sa restauration : sous la direction du baron Haussmann, le percement de nouveaux axes de circulation (notamment celui de la rue de Rivoli) donna en effet l’occasion de transformer le clocher en tour d’ornement pour le square Saint-Jacques, prévu à cet endroit. Jean-Charles Alphand dessina alors le premier square parisien du Second empire autour de l’ancien clocher, désormais « tour Saint-Jacques ».
Chargé des travaux de restauration par la Ville de Paris, l’architecte Théodore Ballu présida, de 1854 à 1858, à la reconversion du clocher. Il reprit presque entièrement les parties basses, restitua les statues d’origine et fit exécuter de nouvelles statues, représentant des saints, pour l’ornement des niches creusées dans l’épaisseur des murs. Il fit également poser des vitraux à la place des abat-son des baies. La tour Saint-Jacques fut en outre séparée des allées du square par une terrasse octogonale à balustrades, surélevée de quelques marches et accessible au moyen de deux escaliers.
La porte principale de la tour Saint-Jacques
Pour habiller les bases arrachées de la tour, l’architecte Théodore Ballu conçut quatre portes ogivales ouvertes sur son rez-de-chaussée. Celle tournée vers le nord reçut un décor plus abondant : une frise végétale et animale se loge en effet dans la voussure de l’arc, que couronne un pinacle surmonté d’un fleuron. A gauche de la porte principale, le piédroit est percé d’étroites fenêtres rectangulaires qui éclairent l’escalier à vis menant aux étages de la tour.
La voûte sur croisée d’ogives du rez-de-chaussée abrite par ailleurs la statue de Blaise Pascal, sculptée par Pierre-Jules Cavelier en 1856. Le baron Haussmann la fit placer afin de rendre hommage aux expériences scientifiques que le savant aurait effectuées dans l’église Saint-Jacques-de-la-Boucherie.
Corps d’un animal fantastique formant le départ du décor végétal à vigne grimpante et grappes de raisin occupant la voussure de la porte principale
Les animaux fantastiques sculptés au sommet des voussures de la porte principale
La voûte sur croisée d’ogives du rez-de-chaussée
La seule voûte du XVIe siècle conservée se situe au rez-de-chaussée de la tour Saint-Jacques : c’est une voûte sur croisée d’ogives, à liernes et tiercerons, dont les nervures pénètrent le mur.
Rosace feuillue et semée de petites fleurs ornant le sommet des tiercerons
Nicolas-Victor Villain (1818-1899)
Sainte Catherine, vers 1854-58, pierre, Paris, tour Saint-Jacques
Gargouille
Jean-Louis Chenillon (1810-1875)
Saint Jacques le Majeur, vers 1854-58, pierre, Paris, tour Saint-Jacques
Hubert Sattler (Salzbourg, 1817-Vienne, 1904)
Vue de Paris depuis la Tour Saint-Jacques (avec l’Hôtel de Ville, la cathédrale Notre-Dame et le Panthéon), 1866, huile sur toile, 106 x 158 cm, Salzbourg Museum, Neue Residenz
Vue de la cathédrale Notre-Dame de Paris, depuis le sommet de la tour Saint-Jacques
L’ange, emblème de l’évangéliste Mathieu, contemple Paris depuis le sommet de la tour Saint-Jacques